Le Savoir est maître. [ Ren Von Winter ]

" Le savoir est une arme. "

Comme prévu, Kristoh arriva au Quartier Royal, après quelques jours de voyage, avec Ren. Il devait l'avouer, voyager avec elle était pour le moment un réel délice. Elle n'avait pas provoqué d'attaque, n'allait jamais droit dans le mur, et s'avérait être une élève réfléchie. Peut-être trop? Elle était si sage et si raisonnable, tellement loin de ce qu'avait été Kristoh lors de son apprentissage. Pendant quelques secondes, Kristoh se rappela l'élève fougueux et désobéissant qu'il avait été auparavant et esquissa un sourire.

Comme tous les jours de marché, il y avait foule au centre de la ville. Dans ce labyrinthe aux trésors, absolument tout se vendait : grimoires, livres de magie noire ou blanche, sceptres, pierres précieuses, potions, armes, tissus... Et la moitié des commerçant étaient des charlatans et vendaient de la contrefaçon. C'était d'une tristesse. Kristoh se faufilait alors à travers la foule, suivi par Ren, afin d'atteindre le Palais de son Altesse ou il était attendu. En effet, il devait faire un rapport à la Reine sur les différents conflits qui régnaient sur les Terres d'Harxan. Quelque chose se préparait, Kristoh le sentait.

Cette invitation à la cour allait également être un très bon exercice pour Ren, basé sur l'étiquette et la connaissance militaire, bien que cela importait peu... Kristoh soupira. Comment pouvait-il être un bon professeur s'il ne prenait pas au sérieux son propre enseignement? Après quelques instants de réflexion, il décida de s'adresser à Ren.

- Ren, toutes ses marchandises sont belles n'est-ce pas. Ne te fie pas aux apparences, et surtout reste vigilante. Un passant peut innocemment prendre ton sceptre et ton sac sans que tu t'en rendes compte. Être dans une pareille foule est un très bon exercice de concentration et de vigilance. Sois attentive.

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S'il n'y avait pas eu Kristoh comme motivation morale, Ren serait sûrement déjà tombée dans les pommes. En effet, ils voyageaient à un rythme très soutenu, et Ren n'osait évidemment pas dire à Kristoh qu'elle était épuisée. Mais cela n'était pas important. Il était là, il l'avait acceptée comme élève, et cela défiait toute fatigue. Ren avait été tellement heureuse ses derniers jours qu'elle ne mangeait presque plus, et ne parvenait pas à fermer l'oeil de la nuit. Elle ne comprenait pas vraiment ce qu'il se passait, mais elle en avait peur. Quelque chose criait au fond de son coeur, mais elle ne parvenait pas à saisir le message.

Ils étaient finalement arrivés au Quartier Royal, plus particulièrement au Grand Marché. Ren n'avait jamais vu autant de choses mises en vente. De nombreuses pierres attirèrent son regard, et tout époustouflée, elle ne savait plus ou donner de la tête. Il était cependant très dur de se déplacer dans une pareille foule. Kristoh marchait devant elle, et elle ne pouvait s'empêcher de sourire en le regardant même de dos. Comme d'habitude, il était silencieux, et ne laissait rien apparaître. Ren se demandait s'il avait eu faim, ses derniers jours, après tout c'était un vampire.

Elle sortit de ses pensées lorsqu'il se mit à lui parler, lui conseillant de rester vigilante, car les passants pouvaient à tout moment lui voler ses biens. Elle toucha son sceptre qui était accroché à sa taille, et son sac en bandoulière. Tout était bien là, ce qui la rassura. Kristoh avait raison, et elle n'y avait pas pensé, occupée à identifier son malaise.

Soudain, la foule s'activa, et elle s'éloignait de Kristoh. Il était vrai qu'elle n'avait du tout la même corpulence, et il était dur pour elle de se frayer un passage parmi tous ses gens. C'est alors qu'un jeune homme l'agrippa.

- Bonjour ma beauté, tu as de très beaux yeux, j'ai un bijou qui devrait aller avec tes jolies prunelles, 100 pièces d'or les boucles d'oreilles!

Ce jeune homme lui barrait la route, et déjà Kristoh s'éloignait.

Kristoh avait donc donné les consignes les plus élémentaires à son élève. Mais ce conseil n'éveilla aucune réaction chez la jeune fille, elle qui d'habitude était si enthousiaste? Kristoh fronça les sourcils.

- Ren?

Sentant que quelque chose n'allait pas, Kristoh se retourna vivement. Ren s'était évaporée. Où était-elle allée, faire des emplettes? Ce n'était décidément pas le moment. Regardant plus loin derrière lui, il l'aperçut. Un jeune homme semblait lui barrer la route. Kristoh fit alors depuis tour rejoignant sa disciple. Il posa une main sur l'épaule du jeune homme.

- Excusez-moi monsieur, mais cessez d'importuner ma jeune élève s'il vous plaît. Et peu importe le prix que vous lui avez proposé, ses boucles d'oreilles n'ont rien de précieuses.

Il saisit le poignet de Ren et l'entraîna avec lui, accélérant le pas.

- Bon sang, ces commerçants sont de vrais rapaces. Quant à toi Ren, il faut que je te surveille constamment?

Il avait dit cette phrase avec une pointe de sévérité, mais n'avait pas l'intention de lui faire la morale. A vrai dire, il voulait voir de quelle manière elle allait répondre.

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Ren, au dessus des épaules du commerçant vit Kristoh s'approcher d'un air sérieux. Il suggéra au jeune homme de la laisser tranquille, avant de lui saisir le poignet. Lorsque Kristoh toucha sa peau, elle crut défaillir. Son coeur s'emballa, elle manquait de souffle, et avait l'impression que tous ses sens se bousculaient. Bon sang, était-elle malade? Kristoh était agacé, elle le sentait, surtout lorsqu'il lui demanda sévèrement s'il devait sans cesser veiller sur elle.

Tout en gardant le rythme, Ren baissa les yeux. Elle se sentit idiote, et tout à fait enfantine. Il était vrai que si elle n'était pas restée là à rêvasser au lieu de suivre Kristoh à la trace, tout cela ne serait jamais arriver. En une fraction de seconde, elle eut envie de s'enterrer six pied sous terre tellement elle avait honte de lui décevoir. Elle aurait voulut que la foudre lui tombe sur la tête, là, parmi la foule.

Elle écarquilla les yeux. Pourquoi prenait-elle à coeur ce qu'il lui disait. Ce n'était pas la première fois qu'il se montrait sarcastique, et pourtant, là, tout de suite, son coeur venait de se briser dans sa poitrine, pour si peu de choses. Quel était donc ce sentiment qui la rendait si vulnérable?

- Je suis désolée Maître. Je vais être plus vigilante, ça ne se reproduira plus... déclara t-elle d'une voix légèrement tremblante, et d'une tristesse incroyable.

Elle regarda la main de Kristoh sur son poignet. Il n'y avait pas de quoi se sentit toute chose. Il avait la peau glacée et alors, il était charmant, certes, mais c'était son Maître, rien de plus.

Ren s'excusa, comme Kristoh l'avait prédit. Jamais elle n'aurait voulu le contredire, elle était trop sage et trop raisonnable. Pourtant, elle devait apprendre, pour sa propre personne et pour des situations ambiguë à argumenter. En sentant la voix de son élève trembler, Kristoh s'arrêta et se tourna vivement vers elle. Il l'observa attentivement, et il n'y avait pas besoin d'un spécialiste pour comprendre qu'elle était désolée. Décidément Ren était une élève beaucoup trop expressive. Parfois, cela empêchait Kristoh d'être objectif dans son enseignement.

- Ren, tu peux me contredire tu sais, de temps à autre. dit-il sur un ton calme.

Il lâcha délicatement son poignet alors qu'ils arrivaient à la fin du Grand Marché ; il était plus facile de se déplacer.

- Et je t'en prie appelle moi Kristoh... Maître c'est trop radical...

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Il s'était retourné, et Ren espérait qu'il ne soit pas trop agacé. À sa grande surprise, il lui dit qu'elle pouvait le contredire si elle le souhaitait. Ren trouva cela plus qu'amusant, car elle savait pertinemment que jamais elle n'oserait le faire. Pas à lui. Pas Kristoh. Par la suite, il lui indiqua de l'appeler Kristoh. Elle sourit, et sentit ses joues brûler à cette idée. Elle lui lança un regard plein de considération en lui répondant, avec enthousiasme.

- Oui, Kristoh!

La foule s'était écartée, et paraissait plus fluide, et ils pouvaient dès lors reprendre la route vers le château de sa Majesté. D'ailleurs, Ren se demandait comment pouvait être la Reine d'Harxan. D'après les dires, elle était d'une subtile beauté, et d'une grande puissance. Ses sujets devaient avoir énormément de respect pour elle, tout particulièrement Kristoh. Après tout, il était son attaché royal, l'être le plus proche d'elle en dehors des membres de sa famille.

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