Après la petite visite du Grand Marché, le silence des jardins de la Reine emplit Kristoh de ravissement. Une visite habituelle s'imposait, afin de discuter de la situation avec sa Majesté, Athaly Di Angelo. Kristoh avait toujours été son messager le plus fidèle, et le seul en qui elle avait confiance. Entre eux, régnait un respect d'une pureté incroyable. Il respectait sa Majesté, et l'admirait, car elle régnait avec une grande sagesse, et quant à elle, elle était persuadée des talents de Kristoh en tant que conseiller. Bien qu'à vrai dire, il n'aimait guère qu'elle le complimente. Oui, Kristoh et son éternel modestie.
Nos deux aventuriers traversaient donc le jardin royal. Comme d'habitude, l'entrevue se passerait dans le petit salon de thé, endroit charmant et paisible. Il pouvait en effet, en marchant, réciter à Ren les règles de bonnes conduite, mais ce n'était pas nécessaire. Ren était gracieuse, posée, respectueuse et intelligente. Elle allait être irréprochable, c'était sûr. En voyant les arbres, Kristoh sourit, et quelques souvenirs se bousculaient dans son esprit. Lors de sa première visite, il y a longtemps, il avait été surpris par la beauté des lieux et par la beauté d'Athaly. Alors qu'elle était encore enfant, on l'avait déjà conditionnée à devenir Reine. Kristoh se souvenait encore de ses prunelles bleues, qui l'avaient regardé avec curiosité et crainte. En y repensant, être la dirigeante d'un pays apportait bon nombres de droits et de pouvoirs, mais aussi de devoirs. Cela ne devait pas être évident tous les jours pour la Reine. C'est pour cette raison qu'il devait lui apporter son expérience et sa rationalité des évènements.
Ils arrivèrent alors dans le hall, endroit d'un immensité à couper le souffle. Un grand tapis, menant à l'escalier principal. Kristoh inspira et se tourna vers son élève.
- Ren, c'est une entrevue habituelle. Un jour, c'est toi qui le fera à ma place, alors sois attentive... Et sage surtout.
Il sourit intérieurement. Sage? Ce n'était pas la peine de le lui dire, elle l'était, c'était en elle.